In voluntate tua, Domine, universa sunt posita, et non est qui possit resistere voluntati tuae:
tu enim fecisti omnia, caelum et terram, et universa quae caeli ambitu continentur :
Dominus universorum tu es.
Ps. : Beati immaculati in via : qui ambulant in lege Domini.
En ta volonté, Seigneur, toutes choses sont placées, et il n’est personne qui puisse résister à ta volonté :
car c’est toi qui as tout créé, le ciel et la terre, et tout ce qui est contenu sous la voûte du ciel :
le Seigneur de toutes choses, c’est Toi.
Ps : Heureux les immaculés sur la voie : ceux qui marchent dans la loi du Seigneur !
Cet introït est "une méditation, une pure description, un regard contemplatif dont l’étendue et l’immobilité trouvent une expression modale et mélodico-rythmique analogue à celle d’autres introïts à portée « universelle »: misericordia Domini du 4e dimanche de Pâques et Omnis terra du 2e dimanche du Temps Ordinaire. On remarquera en effet que ces trois pièces chantent pareillement une universalité, une totalité, une plénitude: extension universelle de la miséricorde (Misericordia), extension universelle de 1a louange (Omnis terra), extension universelle du domaine seigneurial sur la création (In voluntate tua). Par la modestie de son ambitus mélodique, confinant à une simple trémulation, In voluntate tua s’apparente également à Resurrexi de Pâques. Au demeurant, les deux pièces, sensiblement planes, ne célèbrent-elles pas l'un et l'autre un « posé» ? Posé de la main du Père sur le Ressuscité pour celle-ci (posuisti super me manum tuam). posé de toute chose dans la volonté du Seigneur pour celle-là (in volunte tua universa sunt posita). Sans doute ce dernier verbe au passif -- posita sunt -- est-il au cœur du message théologique délivré par l’introït de ce jour. au point d’irradier, s‘il se peut dire, sa matière et sa manière musicale elles-mêmes. statiques, il est vrai, mais traversées, comme le ciel et la terre dont elles évoquent la genèse. par une très foncière émotion : l’émotion profonde dont seules sont capables les choses immobiles. comme elles sont aussi ls seuls à la provoquer en nous. Hymne à l’univers envisagé dans la main qui le saisit sans l’étouffer, hymne à la Volonté qui met au large cela même qu’elle enserre et qui rend spacieuse la condition de cela même qu‘elle limite. D’ailleurs, se pourrait-il il que l’on contemplât l’univers comme tel. n’était cette Volonté dans laquelle on le sait -- on le croit embrassé, sinon par la «fenêtre» de la Volonté que ce chant (subtile leçon métaphysique) érige immédiatement au regard autant qu’à l'oreille? Car il n’æt de célébration véritable de l’univers que dans la confession expresse du Dieu personnel en qui il repose, comme il n’est d’immensité perceptible que dans l’intuition de la Forme qui la contient. Hymne au posé, donc, au reposé, à la position dc toutes choses en Dieu. De toutes choses : de tout homme aussi. De tout homme vivant. capable de résister à l’irrésistible sinon pourquoi dirait-on. justement ici. que «nul ne peut lui résister» ? Et non est qui possit resistere voluntate tua. Position, finalement dans la Volonté même, de toute volonté libre. à son image. Et c’est dans le consentement de cette Volonté même - in Voluntate tua que toute volonté libre trouve à son tour la possibilité d'un défouiemem. d’un défoulement sans limite : quelque chose dont la contemplation de l‘horizon - caelum et terram et universa -- donne à la fois le pressentiment et le désir. Car c'est seulement à l'abri de l'Infini -- in voluntate tua -- que nous pouvons nous essayer à être infini nous mêmes. (Frère François Cassingena-Trévidy - Chante et marche Vol 3)
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