27e dimanche du temps per annumIntroït In voluntate tua

A ta volonté, Seigneur, tout est soumis, et il n’est personne qui puisse résister à ta volonté : car c’est toi qui as fait toutes choses, le ciel et la terre, et tout ce qui se trouve sous la voûte du ciel : tu es le Maître de toutes choses. (Esther 13, 9.10.11)
PS. Heureux ceux dont le chemin est sans tâche, qui marchent dans la loi du Seigneur !  (
Ps 118)

"Le texte de notre introït, non psalmique comme les trois précédents, est emprunté aux additions deutérocanoniques (grecques) du Livre d'Esther. Il s'agit en l'occurrence du commencement de la prière de Mardochée, à l'heure où le peuple juif est menacé d'extermination. Les versets 17a-e du chapitre 4 (LXX 13, 8-14) représentent une sorte d'exorde, de « généralité » sur la toute-puissance de Dieu ; la demande précise sera formulée au verset 17f : «  Et maintenant, Seigneur Dieu, Roi, Dieu d'Abraham, épargne ton peuple ! ›› Voici le texte vulgate des versets concernés par notre introït (les suppléments grecs ont été traduits par Jérôme sur un texte hexaplaire) :

 13,9    Domine, Domine rex omnípotens (gr. pantokrator), in dicione (gr.exousia) enim tua cuncta sunt posita, et non est qui possit tuœ resistere uoluntatí (gr. en tôt thélein se), si decreueris saluare Israel.
13,10    Tu fecisti cœlum et terram, et quidquid cœli ambitu contínetur.
13,11     Dominus omnium es, nec est qui resistat maiestatí tuae

L'adaptation à l'usage liturgique a entraîné la postposition du vocatif Domine, laquelle a pour effet de mettre nettement en vedette, dans l'incípit, la « volonté » divine ; celle-ci prend d'ailleurs toute son extension de concept théologique, compte-tenu du fait que, la mention d'Israël ayant été supprimée au verset 17b, l'affirmation acquiert une portée universelle.Telle que le compositeur 1'a conçue, en tout cas, la pièce se présente comme une hymne au « Seigneur de l'univers », au « antocrator » , le pluriel neutre universa faisant inclusion d'un point de vue littéraire. Le premier uníversa traduit to pan de la Septante, le dernier panta. On notera que la confession de foi de notre introït se retrouve dans l’hymne de Ap 4, 11 : «Tu es digne, ô notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire, l'honneur et la puissance, car c'est toi qui créas l'univers ; par ta volonté, il n'était pas et fut créé. »

In voluntate tua est un Deuterus plagal en GREG comme en ROM (Mode IV) : sous sa livrée romano-franque, la pièce est éminemment représentative de la modalité de MI archaïque. Du point de vue de la stylistique générale, remarquons d'emblée, comme dans l'offertoire Tui sunt du Jour de Noël (GT 49) - pièce éminemment « universelle » elle aussi – l'importance des tenues unissoniques sur FA. Cette esthétique (du FA surplombant le MI), écrit le chanoine Jeanneteau, apparaît nettement dans l'introït In volantate tua, où l'on retrouve la valeur ornementale des six tristropha sur FA, dans un contexte mélodique de quasi-récitation sur MI » Quasi-récitation en effet, car le noyau expressif de la mélodie - le coin où elle n'en finit pas de causer - est la tierce RE-FA (ce qui fait d'elle, compte tenu de l'éloquence du LA, un Protus (Mode II) irrésolu de tempérament) ; le degré MI est en somme cet infini dans lequel elle tarde indéfiniment à se « poser », elle qui parle magistralement de la « position » de toute chose; dans lequel elle «résiste» même à se poser (voir la cadence inversée de posita), elle qui parle d'une impossible résistance. Mais pareil délai n'est-il pas bien davantage symbolique que fortuit ? C'est dans l'Infini, en effet, que repose, finalement, tout être et toute volonté.(Dans Chante et marche, père F. Cassingéna-Trevidy -Tome III-Temps ordinaire)

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