SanctusLe chant du “Sanctus” fait corps avec la préface qui le précède et avec le dialogue qui précède. Ces trois éléments de la liturgie introduisent la consécration du pain et du vin. Ils forment l’une des parties les plus anciennes de la liturgie avec, comme pilier principal, la formule “Sursum corda ; habemus ad Dominum”.

Pour saint Cyrille, le “Sursum corda” est l’expression de la terreur sacrée qui pénètre le cœur du fidèle au moment où va s’accomplir la liturgie eucharistique. Le fidèle doit donc se conformer aux dispositions qui animent les anges dans la liturgie céleste : « Ils adorent, ils glorifient, ils profèrent avec crainte et continuellement les mystérieuses hymnes de louange » (saint Jean Chrysostome). 

Ce climat de mystère qui caractérise la liturgie céleste devrait toujours pénéter la liturgie d’ici-bas car, comme l’a rappelé avec force le Concile, “dans la liturgie terrestre, nous participons par un avant-goût à cette liturgie céleste qui se célèbre dans la sainte cité de Jérusalem à laquelle nous tendons comme des voyageurs, où le Christ siège à la droite de Dieu, comme ministre du sanctuaire et du vrai tabernacle.” (Sacrosanctum Concilium, n. 8). C’est donc avec vénération qu'il faut s’approcher de ces réalités très saintes et redoutables. 

Le “Sanctus” qui suit le “Sursum Corda” est l’expression de la participation des fidèles à la liturgie céleste : “L'homme est comme transporté dans le ciel lui-même - écrit saint Jean Chrysostome -. Il se tient près du trône de gloire. Il vole avec les Séraphins. Il chante l’hymne très saint”. La même idée se retrouve chez Cyrille de Jérusalem : “Nous faisons mention des Séraphins, qu'Isaïe a vus dans l'Esprit-Saint entourant le trône de Dieu et disant : Saint, Saint, Saint est le Seigneur, le Dieu des armées. C'est pourquoi nous récitons cette théologie qui nous est transmise par les séraphins, afin que nous participions à l'hymne de louange avec les armées hypercosmiques”. Théodore de Mopsueste montre la relation du “Sanctus” avec l'esprit de crainte et de respect : “Nous nous servons de paroles redoutables des puissances invisibles, pour montrer la grandeur de la miséricorde qui s’est gratuitement répandue sur nous. La crainte remplit notre conscience, tout au cours de la liturgie, soit avant de crier Saint, soit après”.

Le “Sanctus” nous enseigne donc l’attitude à voir dans la liturgie. Aussi devrions-nous réfléchir : les mélodies françaises du “Sanctus”, parfois chantées à tue-tête par des assemblées où l’on ne réfléchit plus au sens profond de la liturgie, parviennent-elle à donner aux fidèles cette envie de se laisser saisir par le chant des créatures célestes ? ( Source : proliturgia.org )