En conclusion de mes réflexions, je citerai une belle parole du Mahatma Gandhdi que j'ai trouvée récemment sur un calendrier. Gandhi évoque les trois milieux dans lesquels s'est développée la vie dans le cosmos et note que chacun d'eux porte une façon d'être propre. Dans la mer vivent les poissons, silencieux. Les animaux qui vivent sur la terre ferme crient, tandis que les oiseaux qui peuplent le ciel chantent. Le silence est le propre de la mer, le propre de la terre ferme, c'est le cri, le propre du ciel le chant. Mais l'homme participe des trois: il porte en soi la profondeur de la mer, le fardeau de la terre et les hauteurs du ciel. C'est pourquoi il est aussi silence, cri et chant. Aujourd’hui - ajouterais-je -, nous le voyons, il ne reste plus que le cri à l'homme sans transcendance, parce qu'il ne veut plus être que terre et qu'il tente aussi de transformer en sa terre les profondeurs de la mer et les hauteurs du ciel. La véritable liturgie, la liturgie de la communion des saints lui restitue sa totalité. Elle lui réapprend le silence et le chant en lui ouvrant les profondeurs de la mer et en lui apprenant à voler, à participer de l'être des anges. En élevant le cœur, elle fait retentir à nouveau la mélodie ensevelie. Oui, nous pouvons même dire maintenant, à l'inverse: on reconnaît la véritable liturgie à ce qu'elle nous libère de l'agir ordinaire et nous restitue la profondeur et la hauteur, le silence et le chant. On reconnaît la liturgie authentique à ce qu'elle est cosmique et non fonction du groupe. Elle chante avec les anges, elle se tait avec la profondeur du tout, en attente. Et c'est ainsi qu'elle libère la terre, qu'elle la sauve. (Cardinal Joseph Ratzinger-Benoit XVI dans "Un chant nouveau pour le Seigneur" (Desclée, Paris, 1995) pages 170-171.